salle d'opération.

Jehanne s'étouffait avec le linge qui lui clouait le bec, ne laissant entendre que des gémissements à chaque mouvement du projectile que tentait d'enlever Benjaminp.
Accrochée à la table d'opération comme un moule à un rocher, la soldate sentait de grosses gouttes de sueur lui dégouliner dans le dos et sur son front.

Elle cracha le linge quand elle sentit la flèche s'extraire enfin de son fessier et prit une grande inspiration pour ne pas tomber dans les pommes.
A moitié dans le cirage, Jehanne ne comprit que partiellement les mots du charcutier et se redressa d'un coup !

Comment ça vous la laissez m'achever ?!?!
Z'êtes malade !!!

Mais elle ne réussit pas à descendre de sa table, épuisée par la séance de torture qu'elle venait de subir, et se contenta de repousser mollement Damhnait en murmurant,

Vade retro satanas !!!

Parfait m'sieur.

Se dirige vers la blessée, l'achève euh... achève de refermer la plaie puis prend le cataplasme, le pose sur la blessure, elle met ensuite une compresse et recouvre le tout dans un bandage.

Wouaaa c'est presque artistique. Bon allez, maintenant que je t'ai achevé je t'emmène à la morgue pardon, dans la chambre pour te reposer. Tu y croiseras Glass.

Damhnait pensa "non mais ! quelle famille alors !!!"

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Jehanne mordit à nouveau le linge qu'elle avait déjà déchiqueter auparavant pendant que cette sorcière de Damhnait lui recousu le popotin.
Et c'est légèrement vacillante qu'elle réussit à quitter la pièce, tout en ronchonnant,

On se r'trouvera, moi j'te l'dis !!!
Attends de voir c'que j'te réserve au fort, l'artiste !

Et votre minette? Elle a eu ses petits? Y'en a combien? Sont mimi?
Maximillien fut surpris de cette question venant de la personne qui l'avait mis dehors, le laissant là, seul et désespéré.
Il prit un air enjoué.

oh oui, il sont cinq! quatre femelles et un mâle; sont trop choupinouuus. on m'en a déjà réservé quatre pour quand ils seront sevrés.

Et voila, trop tard. Gnangnan avait commencé a penser a ses bout'chous;
et devrais-je leur acheter de laiiiit, et comment je vais les appelleeeeer, et pourquoi ils ont pas encor ouvert les yeeeeeux
En même temps... c'est peut-être un bonne chose.

Liptis s'affairait. Tout, dans son attitude exprimait l'excitation la plus intense... Soudain, il réalisa que Jehanne lui parlait...

Mais comptes pas sur moi pour jouer les croque-morts...

Qu'est-ce qu'elle lui disait ? Il la regarda bizarrement, semblant ne rien comprendre. Puis, décidant d'ignorer ce qu'elle avait pu lui dire, il lui fit signe de s'approcher.

Bon... Alors écoute moi bien. Je sais que je peux te faire confiance... Mais ce que tu vas voir ici, tu ne devras le répéter à personne... A personne, tu m'entends bien !

Il la regarda droit dans les yeux afin de lui faire bien comprendre que ce qu'ils allaient faire était... dangereux.

Jehanne vint se placer à ses côtés et l'observa... Inquiète ? Peut-être, en tout cas peu rassurée.

Bon, nous allons d'abord constater le décès de cette petite chose... Comme il est triste de constater qu'il y ait encore de nos jours tant de nourrissons qui meurent ainsi...

Sa voix avait prit une drôle d'intonation...

Liptis posa sa main sur la petite poitrine puis procéda à divers procédures rapides. Le petit corps, bleuté et froid désormais, n'abritait plus la vie. Le médecin se signa et se dirigea lentement vers une petite table...

Avec précision, il remplit le formulaire déclarant le nouveau-né décédé... Il allait signer lorsqu'il se tourna vers Jehanne...

Tu as le nom des parents ? On pouvait voir sa main trembler légèrement... Il voulait passer rapidement à la phase suivante et regardait Jehanne qui ne semblait guère comprendre ce qu'elle faisait là...

Liptis nota scrupuleusement le nom de la mère sur le certificat de décès. Il remplit les diverses informations nécessaires à la validité du document puis le parapha. Voilà... Le nouveau né était désormais officiellement mort. En bon croyant, il devrait faire emmener immédiatement le petit corps vers sa dernière demeure mais, avant cela...

Il revint lentement vers la table d'opération où gisait le petit cadavre et où se tenait, nerveuse, cette chère Jehanne. Il réalisait combien son attitude semblait troubler la belle calaisienne mais peu importe. L'occasion était trop belle de découvrir des choses.

Vérifiant une dernière fois ses instruments, il se plaça en face de Jehanne...

Tu es certaines de vouloir rester ? Bon écoute... Je vais te confier un secret.

Liptis se pencha en avant pour approcher son visage tout près de celui de la jeune femme.

Jehanne, la médecine me semble archaïque et dépassée... Je suis certain qu'en étudiant plus avant les corps, nous en saurions mieux sur la vie, sur les maladies et les tares qui affectent les hommes.

La regardant, il voyait bien qu'elle ne comprenait pas tout ce qu'il lui disait. S'approchant un peu plus, il poursuivit...

Je vais ouvrir ce petit corps et essayer de découvrir pourquoi il existe des jumeaux... J'en profiterai pour comparer ce que je vois avec les écrits de Galien et voir si le grand Vésale avait vu juste... Ce que je crois.

Il plaça les instruments près de Jehanne... J'aimerai que tu me passe certains outils lorsque je te le demanderai... D'accord ?

Il la regarda et constata des changements sur son joli visage.

Jehanne fut légèrement rassurée quand elle vit Liptis secouer la tête avec un air de dire qu'elle était à côté de la plaque, mais quand il lui demanda d'enlever les langes du nourrisson mort-né, elle eut un petit temps d'arrêt...

Enfin, préférant dépiauter des langes que d'être torturée par son amant, la soldate dénoua maladroitement le drap qui enveloppait le bébé. Pas évident pour la jeune femme qui n'avait pas l'habitude de tripatouiller ce genre de petite chose.
Mais son amant méticuleux devait vouloir très certainement le laver pour son dernier voyage !

Une fois fait, elle s'écarta un peu pour lui laisser la place et écarquilla ses yeux, retenant un cri et un haut-le-coeur quand elle le vit l'éventrer...
Ravalant son envie de vomir dans un hoquet, Jehanne réussit enfin à articuler quelques mots.

Euh... tu vas lui laver l'intérieur aussi ?!?!

Liptis, tout à sa tâche, ne remarqua pas immédiatement la réaction de son assistante. Ce n'est que lorsqu'elle balbutia quelques mots qu'il leva la tête.

Euh... tu vas lui laver l'intérieur aussi ?!?!

De quoi ? Oh non non... Il la regarda plus attentivement et la trouva un peu pâle... Tu vas bien ?... Tu me sembles bizarre d'un coup ?

Puis, sans trop attendre de réponse, le médecin replongea son regard vers le petit cadavre. Ses mains entreprirent de déplacer certaines choses...

Peux-tu me passer ce tissu ? D'une main tremblante, elle le lui tendit. Il l'utilisa pour nettoyer un endroit puis le mit de côté. Liptis semblait fasciné par ce qu'il voyait...

Le corps humain est vraiment fascinant se disait-il. Déjà, un nouveau-né ressemblait en miniature à un adulte. Tout était plus petit mais tout était là. Son esprit enregistrait tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il faisait pour qu'ensuite il puisse retranscrire l'opération. Peut-être parlerait-on de lui dans les âges futurs...

Passe moi maintenant ce stylet veux-tu ?

Sans la regarder il tendit la main, attendant qu'elle lui place l'objet pointu dans la paume.

Tu vas bien ?... Tu me sembles bizarre d'un coup ?

Il en avait d'bonnes décidément... comment aller bien alors qu'il était entrain de se transformer en boucher...
Jehanne passa le morceau de tissu à son docteur jekyll en se disant qu'on ne connait jamais une personne dans sa totalité, et l'observa plonger sa main dans le bidon du nourrisson.

Elle resta un instant tétanisée quand il lui demanda un truc... légèrement paniquée, elle scruta les différents ustensiles qu'il avait préparé.



De peur qu'il ne s'en prenne à elle, elle finit par faire un choix complètement aberrant, en lui remettant la plus grosse pince qu'elle trouva dans l'étalage des instruments de torture, sans penser un instant qu'un engin pareil faisait presque la taille du bébé...

Tiens mon bel amour...

Liptis, la main tendu en attendant de recevoir l'instrument demandé, fut fort surpris lorsque celle-ci reçu un objet plus lourd que prévu. Levant les yeux, il vit une énorme pince en équilibre instable au creux de sa main.

Il regarda, incrédule, sa belle assistante. Mais qu'est-ce que c'était que ça ? Qu'est-ce qu'elle lui avait donné encore ?

Heu ! Tu sais, je crois que tu t'es trompée d'outil. Je veux celui-là... Et de désigner du doigt un petit couteau très in à la lame fine et effilée. Ceci sera bien plus utile pour ce que je souhaite faire.

Et, lui rendant la pince il attendit qu'elle lui donne le scalpel. Fait tout de même attention de ne pas me couper... Tu prends l'outil par le bas du manche et je le prendrais par le haut.

Il tendit de nouveau la main non sans ressentir une certaine crainte. Le stylet arriva enfin dans sa main non sans quelques craintes. Liptis entreprit de découper quelques organes miniatures qu'il déposa dans de petits récipients. Il les étudierait plus tard.

Liptis coupait, Jehanne épongeait lorsqu'il le lui demandait.

Regarde... Voici le coeur... Quelle merveille de la nature ne trouves-tu pas ? C'est lui qui nous insuffle la vie. N'est-ce pas fantastique ? Le médecin sectionna les veines et artères et détacha le petit muscle.

Tend la main ! Il posa alors le coeur miniature au creux de la main de Jehanne et lui demanda ses impressions.

Liptis regardait son assistante qui semblait bien embarrassée avec le petit organe au creux de sa main.

Tu t'imagines que cela grandit au fur et à mesure que nous atteignions un âge mur ! Peux-tu réaliser...

Qu'est-ce que j'en fais moi d'ça... j'le met avec les autres abats ?

Liptis ronchonna discrètement. Non... Rend le moi, je l'étudierai plus avant ensuite.

Puis, il invita Jehanne à regarder à l'intérieur du petit corps. Il aimait lui montrer son savoir, ses connaissances en médecine et essayer de lui inculquer quelques connaissances sur l'être humain... bien que cela ne semble guère la passionner.

C'est vraiment fascinant que d'étudier le corps humain. Il parlait à haute voix mais plus pour lui que pour Jehanne plutôt mal à l'aise.

ça va bien ? Tu ne me semble guère heureuse d'être là ! Tu veux peut être sortir ?

Sans attendre de véritable réponse, Liptis poursuivait sa découverte du petit corps à la recherche d'un élément pouvant expliquer pourquoi les jumeaux existaient.